- November 2024
Aujourd’hui, le financement de la réponse aux déplacements forcés n’est plus à même de remplir les objectifs fixés. Les besoins des réfugiés et de leurs communautés d’accueil dépassent largement les ressources disponibles et le nombre de déplacements ne cesse d’augmenter. La communauté internationale continue d’utiliser un modèle d’aide initialement conçu par un petit groupe de personnes pour résoudre des problèmes à court terme. Ce système n’a pas suffisamment évolué pour répondre à la réalité actuelle des crises de déplacement prolongées à grande échelle, en dépit des nombreux appels pour la réforme du système humanitaire et de développement. Nous ne pouvons plus compter sur ce modèle anachronique qui encourage les acteurs traditionnels à déployer encore et toujours les mêmes efforts dans un contexte où les financements se raréfient. Cette approche nuit aux pays et aux bénéficiaires des ressources de donateurs, qui diminuent d’année en année. Une refonte collective et radicale du système d’aide humanitaire est aujourd’hui nécessaire.
Cette transformation du système humanitaire exigera le démantèlement de nombreuses méthodes de travail dites descendantes. Et si une aide humanitaire à court terme peut continuer d’être utile dans les cas d’urgence grave, le système dans son ensemble doit prioriser des approches de financement et de mise en œuvre capables de générer des changements à plus long terme. Le secteur humanitaire dans son ensemble (responsables de la mise en œuvre, institutions multilatérales et donateurs) doit faire preuve de créativité et réfléchir au-delà du périmètre de l’aide traditionnelle, afin d’aider les acteurs mondiaux et locaux non traditionnels à identifier les opportunités qui permettront d’investir plus efficacement dans les marchés et les communautés. De nouvelles solutions novatrices sont impératives pour financer les réponses aux crises de déplacement, tant au niveau mondial que local.
L’Initiative pour les Réfugiés de la Conrad N. Hilton Foundation soutient ce numéro de Revue Migrations Forcées dans le but d’identifier les défis qui empêchent le financement efficace de la réponse aux déplacements forcés et de faciliter la mise en place de solutions créatives pilotées par les populations elles-mêmes. Nous espérons que ce numéro inspirera nos collègues donateurs d’organismes philanthropiques à faire preuve de flexibilité et à exprimer leur potentiel catalytique pour atténuer les risques associés à l’investissement direct dans des organisations dirigées par des réfugiés et dans les marchés émergents où vivent des réfugiés. Nous espérons également que les responsables de la mise en œuvre pourront encourager les donateurs à leur donner l’espace nécessaire pour mettre en place des approches à long terme dirigées par les réfugiés, axées sur le marché et adaptées au climat. Nous espérons aussi que les gouvernements bilatéraux et les institutions multilatérales respecteront leurs engagements en priorisant le financement direct des populations et des marchés visés, en décloisonnant leur approche et en permettant à leurs partenaires de faire preuve de créativité. Enfin, nous espérons que le secteur privé suivra notre exemple en acceptant de prendre des risques et en investissant massivement (sachant que le jeu en vaudra la chandelle) dans des solutions à l’efficacité que nous pouvons démontrer.
Les communautés de personnes déplacées de force méritent mieux. Si ces articles nous permettent d’identifier des mesures concrètes pour répondre plus efficacement aux déplacements, peut-être pourrons-nous réformer ce système et générer un changement durable.
Lauren Post Thomas et Barri Shorey
Conrad N. Hilton Foundation