- May 2025

Les migrants qui empruntent l’itinéraire des Balkans occidentaux s’exposent à une multitude de risques. L’Union européenne et ses partenaires de la région se partagent la responsabilité de protéger les personnes en situation de vulnérabilité.
Les migrants appellent cela le ‘jeu’. L’objectif est simple : franchir la frontière de l’Union européenne sans se faire prendre. Depuis 2016, les autorités des Balkans occidentaux ont enregistré 959 397 traversées irrégulières de migrants, notamment des réfugiés, des demandeurs d’asile, et diverses personnes en quête d’une vie meilleure[1]. Aujourd’hui, l’itinéraire des Balkans occidentaux est l’un des plus utilisés par les mouvements migratoires mixtes provenant du Moyen-Orient et d’Asie du Sud (République arabe syrienne, Afghanistan, Turquie et Irak) en direction de l’Union européenne Mais au fil du temps, le ‘jeu’ est devenu beaucoup plus risqué.
Depuis 2014, au moins 400 migrants ont trouvé la mort le long de l’itinéraire des Balkans occidentaux. Les accidents de la route, les noyades et la violence sont les trois principales causes de ces décès[2]. Mais le véritable bilan pourrait être bien plus lourd : selon le Comité international de la Croix-Rouge, 87 % des personnes portées disparues aux frontières méridionales de l’Europe ne sont jamais retrouvées[3]. La région des Balkans occidentaux compte des dizaines de tombes anonymes qui offrent très peu d’informations aux familles qui tentent de retrouver leurs proches[4].
Durant leurs déplacements dans cette région, les migrants sont exposés à de nombreux risques (climat hivernal rigoureux, environnements naturels très difficiles et présence de mines terrestres). En août 2024, 12 migrants, dont un bébé, se sont noyés après que leur bateau a chaviré dans la rivière Drina, à la frontière de la Bosnie-Herzégovine et de la Serbie. Au cours de la même année, des dizaines de migrants ont été blessés après être tombés d’un pont reliant la Serbie et la Bosnie-Herzégovine.
Violence, exploitation et abus
Les migrants qui empruntent l’itinéraire des Balkans occidentaux sont souvent victimes d’actes de violence, d’exploitation et d’abus. Au total, 19 % des 1 350 migrants interrogés par l’OIM en 2024 ont indiqué avoir été personnellement victimes de violence, d’exploitation ou d’abus lors de leurs voyages le long de l’itinéraire de la Méditerranée orientale (l’une des voies migratoires méditerranéennes qui aboutissent principalement en Grèce, à Chypre et en Bulgarie), qui constitue le principal couloir de mouvements à travers les Balkans occidentaux et vers l’Europe du Nord et de l’Ouest[5]. Dans les Balkans occidentaux, des refoulements violents sont régulièrement signalés aux frontières par diverses organisations et divers acteurs de défense des droits de l’homme.
En Bosnie-Herzégovine, l’OIM recueille des témoignages de migrants hébergés dans des centres d’accueil temporaires, qui révèlent certaines des pratiques présumées en vigueur aux frontières. Les pratiques fréquemment mentionnées comprennent la confiscation et la destruction de documents et d’objets personnels, le refus d’accès aux demandes d’asile, la détention sans nourriture, sans eau ou sans possibilité de communiquer avec des membres de leur famille, les refoulements vers des environnements isolés ou à risque, ainsi que l’utilisation de chiens. En 2024, 5 741 migrants ont déclaré avoir été refoulés et avoir subi des traitements inhumains au moment de la traversée de la frontière ou juste après. 12 % de ces cas impliquaient des femmes et des enfants non accompagnés ou séparés de leurs familles. Dans 55 % des incidents documentés, les migrants ont indiqué que les agents de la police aux frontières avait fait un usage excessif de la force.
Dans un récit particulièrement édifiant, un groupe de migrants a déclaré avoir été intercepté par deux personnes qu’ils présumaient être des policiers accompagnés d’un chien policier. Selon ce témoignage, la police a lâché le chien qui s’est aussitôt mis à les mordre. Deux migrants ont ainsi été grièvement blessés. Le groupe a ensuite été transporté vers un autre site où d’autres ‘policiers’ masqués les attendaient. Au cours de cet événement traumatisant, ces migrants ont été battus, tous leurs biens leur ont été confisqués, et on les a forcés à s’allonger sur le sol pendant que les agents masqués les piétinaient. Après ce passage à tabac, on les a forcés à sauter dans une rivière pour regagner la Bosnie-Herzégovine à la nage[6].
L’OIM a également commencé à recevoir des rapports de migrants signalant des attaques de gangs criminels qui extorquaient, volaient ou kidnappaient des migrants. Selon une enquête commanditée par l’OIM dans les Balkans occidentaux, des groupes criminels locaux, agissant pour le compte de groupes de passeurs étrangers, ont également perpétré des violences contre des migrants déplacés par des groupes de passeurs rivaux.
Le profil des personnes qui se déplacent le long de ces itinéraires revêt une autre dimension importante. En ce qui concerne spécifiquement les violences, l’exploitation et les abus subis par les migrants le long de l’itinéraire de la Méditerranée orientale, qui ont été documentés par l’OIM, les principaux facteurs de risque sont l’âge (les hommes plus jeunes sont plus susceptibles d’être victimes de violences, exploitations et abus que les hommes plus âgés) et les motifs de leur départ (les personnes ayant émigré pour des ‘raisons économiques’ sont 60 % moins susceptibles de déclarer avoir subi des violences, exploitations et abus que celles qui ont cité d’‘autres raisons‘). Les victimes de violences, d’exploitations et d’abus sont également plus susceptibles d’être des Afghans ayant indiqué avoir ‘fui un conflit’ comme principale raison de quitter leur pays, et qui présentent une vulnérabilité particulière en raison de la prédominance des réseaux de passeurs violents provenant d’Afghanistan dans les Balkans occidentaux.
Tentatives de ‘fermer’ l’itinéraire des Balkans occidentaux
En 2023, Europol a déclaré que les réseaux de passeurs opérant dans les Balkans occidentaux faisaient partie des plus violents en Europe[7]. Des opérations de police visant à démanteler les réseaux de passeurs ont été lancées en Serbie en octobre 2023. Si ces initiatives ont effectivement perturbé les mouvements dans la région (une baisse de 66 % des enregistrements de nouveaux arrivants dans les Balkans occidentaux a été enregistrée en 2024 par rapport à 2023[8], de plus en plus de migrants interrogés par l’OIM ont toutefois affirmé ne pas avoir été officiellement enregistrés durant leur passage le long de l’itinéraire des Balkans occidentaux en 2024. Les changements survenus en Serbie ont largement contribué à déplacer les flux de migrants vers la frontière de la Bosnie-Herzégovine et de la Croatie, allongeant leurs temps de trajet et les forçant à traverser des zones plus difficiles. Les données recueillies indiquent que les groupes de passeurs qui opéraient jusqu’alors en Serbie se sont déplacés vers d’autres itinéraires, suscitant une recrudescence notable des incidents violents impliquant des armes à feu dans les centres d’accueil de Bosnie-Herzégovine.
Les efforts déployés pour ‘fermer’ l’itinéraire des Balkans occidentaux ont effectivement eu des effets paradoxaux dans cette région. Aujourd’hui, les migrants qui parviennent à parcourir l’ensemble de cet itinéraire sans recourir à des passeurs sont de plus en plus rares. En 2023, 11 % des 8 052 migrants interrogés par l’OIM en Bosnie-Herzégovine avaient déclaré avoir utilisé les services de passeurs ou de facilitateurs au cours de leurs voyages. Ce pourcentage est passé à 37 % en 2024. Un autre fait notable mérite d’être relevé : plus les migrants se rapprochent de l’Union européenne, plus ils sont susceptibles de faire appel à des groupes de passeurs.
Des lacunes à combler
Face à des dynamiques migratoires complexes, les autorités qui interviennent le long de l’itinéraire des Balkans occidentaux se sont mobilisées pour relever des défis communs liés aux mouvements migratoires mixtes, notamment en matière d’accueil et d’hébergement des migrants. Néanmoins, les questions de sécurité demeurent prioritaires relativement à la protection et à la prévention des disparitions et des décès le long de cet itinéraire ; de même, les ressources et les capacités investies dans les opérations de recherche et de sauvetage, d’assistance fondée sur les droits, et d’aide aux familles qui recherchent des proches disparus sont limitées.
Dans les Balkans occidentaux, la réponse migratoire reste fragmentaire et manque de perspectives stratégiques à long terme. Les défis politiques et opérationnels de la coopération au sein de cette région continuent, quant à eux, d’entraver les efforts en faveur d’une approche plus durable, favorisant les solutions pour apporter des réponses efficaces aux mouvements mixtes dans les Balkans occidentaux. Notons toutefois que les communautés locales ont montré beaucoup d’humanité et de solidarité, devenant le fer de lance des réponses mises en œuvre au sein des municipalités les plus affectées depuis l’activation de cet itinéraire.
Qu’il s’agisse de l’incapacité à renforcer la sécurité de ponts dangereux pour franchir les frontières ou de la lenteur des secours face à des situations de détresse, les récents événements offrent de nouvelles preuves de la nature ponctuelle des mécanismes mis en place pour gérer les migrations au sein de cette région. Les migrants manquent par ailleurs d’informations sur la façon d’assurer leur sécurité durant leur voyage, et de soutien lorsqu’ils ont besoin d’aide. D’un point de vue opérationnel et politique, il existe de nombreuses solutions pour combler ces lacunes.
Communication de données et d’informations pratiques
La communication d’informations fiables dans les langues appropriées, par exemple des informations sur les points d’assistance situés le long de l’itinéraire, est un aspect essentiel qui doit être sans cesse rappelé. Les informations concernant les options et les voies de migration les plus sûres (en matière d’asile, de regroupement familial et d’autres options comme le retour au pays) sont également vitales pour permettre aux migrants de prendre des décisions éclairées avant leur départ et tout au long de leur voyage. L’OIM travaille dans les Balkans occidentaux avec des partenaires locaux ainsi que d’autres organisations internationales (notamment le HCR) pour garantir l’accès à des informations fondées sur les droits. Des séances d’information juridique et des discussions de groupe sur les droits et les risques liés à la migration irrégulière sont régulièrement organisées dans les centres d’accueil temporaires. Depuis la mort tragique d’un migrant en 2021 à cause d’une mine, près d’un millier de migrants et d’intervenants de première ligne ont participé à des séances d’information sur la sensibilisation aux mines organisées dans des centres d’accueil de Bosnie-Herzégovine. Enfin, grâce à la Displacement Tracking Matrix (Matrice de suivi des déplacements), l’OIM s’entretient avec des milliers de migrants afin de documenter leurs profils, leur expérience, leurs besoins et leurs intentions. Cette matrice, mise en place le long du couloir des Balkans occidentaux et de la Turquie, permet à l’OIM et à ses partenaires de préparer des analyses basées sur les itinéraires. Ces données ont été exceptionnellement utiles pour comprendre, réagir, voire parfois anticiper les besoins de ces personnes et les risques auxquels elles sont exposées.
Unités mobiles
En collaboration avec les autorités locales et la Croix-Rouge locale, l’OIM a mis en place des unités mobiles de secours pour veiller à ce que les migrants aient bien accès à toutes les informations ainsi qu’à l’assistance (nourriture, produits non alimentaires ou soins de santé) dont ils ont besoin le long de cet itinéraire. Ces unités permettent aussi d’améliorer les processus d’identification et d’enregistrement, et offrent des références pour bénéficier d’une assistance médicale ou d’un accueil. Dans certains contextes des Balkans occidentaux, cette assistance mobile était la seule option possible face à une situation politique et opérationnelle complexe à l’évolution rapide. Toutefois, afin d’atteindre efficacement les migrants en détresse ainsi que les personnes les plus vulnérables, il est impératif de transférer la responsabilité des organisations internationales vers les autorités locales et les partenaires locaux, parallèlement à un réseau plus large d’organisations locales capables de soutenir les personnes en déplacement dans divers types de lieux et de circonstances. Ces unités de secours mobiles et organisations locales ont bien sûr un rôle essentiel à jouer dans la réduction des risques et des vulnérabilités des personnes en déplacement, mais elles peuvent également proposer des solutions efficaces pour surveiller et signaler les cas de violation des droits de l’homme aux frontières.
Une approche globale
Suite aux noyades tragiques d’août 2024, l’OIM a élaboré des procédures opérationnelles standard (POS) ponctuelles pour les missions de recherche et de sauvetage en Bosnie-Herzégovine. Pourtant, à ce jour, ces POS n’ont toujours pas été institutionnalisées par les autorités compétentes. Étant donné la fréquence des incidents impliquant des migrants en détresse, ce pays (comme la plupart de ses voisins dans les Balkans occidentaux) nécessite des approches globales bien organisées ainsi que des systèmes efficaces pour mener à bien les opérations de recherche et de sauvetage. Ces mesures contribueront à sauver des vies en définissant précisément les rôles et les responsabilités de chacun ainsi que les efforts de coopération nécessaires lors des incidents frontaliers, et en veillant à l’application de procédures fondées sur les droits pendant et après chaque intervention en cas d’incident. De plus, même si les autorités de la région ont renforcé leurs procédures de gestion des frontières en matière de protection, des initiatives supplémentaires sont néanmoins nécessaires pour garantir la mise en place d’approches coordonnées au niveau régional afin de lutter contre les organisations criminelles violentes et de réduire les risques qu’elles font courir aux migrants vulnérables.
Engagements politiques pour des migrations sécurisées
L’implication des autorités des Balkans occidentaux a été essentielle dans la réponse humanitaire apportée aux mouvements mixtes de cette région, mais elle a été limitée par des considérations d’ordre politique, comme la détermination des responsabilités en cas d’incidents, les mesures à prendre à long terme pour réduire les risques auxquels sont confrontés les migrants qui voyagent de manière irrégulière (y compris les plus vulnérables, comme les enfants non accompagnés et séparés de leurs familles) ou l’adoption d’approches et de systèmes communs pour faire face à certaines situations, comme les opérations de recherches et de sauvetage transfrontalières. Pour surmonter ces obstacles, les autorités des Balkans occidentaux ont lancé des dialogues politiques lors de réunions ministérielles en 2022 et 2023. À travers la Déclaration de Skopje et le Plan d’action de Jahorina, les partenaires des Balkans occidentaux ont réaffirmé leur leadership et leur engagement à promouvoir des approches globales, durables et axées sur des solutions pour sécuriser, coordonner et régulariser les migrations. L’OIM s’engage à aider ses partenaires de la région à transposer ces engagements clés en actions concertées et concrètes.
Perspectives d’avenir
Dix ans après le début des mouvements mixtes dans cette région, les migrants demeurent exposés à des risques démesurés lorsqu’ils empruntent l’itinéraire des Balkans occidentaux. Et bien que la réponse des autorités locales se soit sensiblement améliorée, des approches et des solutions structurelles devront être prises pour sécuriser, coordonner et régulariser cette migration.
La gouvernance des migrations dans les Balkans occidentaux reste un volet essentiel du processus d’adhésion de la région à l’Union européenne. Le plan d’action de l’Union européenne pour les Balkans occidentaux – qui comprend des objectifs clairs visant à renforcer la gestion des frontières, à lutter contre le trafic de migrants, à renforcer la coopération en matière de réadmission et de retour, et à harmoniser les politiques de visas – continue de donner lieu à des réformes politiques dans le cadre de la gestion des migrations.
L’Union européenne a financé la plupart des actions clés mises en œuvre dans la région depuis 2016, associant interventions vitales liées à la protection des migrants, gestion des frontières, et aide au retour, à la réintégration et à la réadmission. Les divergences de points de vue politiques sur la manière d’aborder la migration au sein de l’Union européenne envoient souvent des signaux contradictoires aux partenaires et au public, mais elles impactent aussi les priorités au sein des Balkans occidentaux. De ce fait, les initiatives politiques pour la mise en place de systèmes efficaces de suivi des risques encourus par les migrants le long de cet itinéraire, et des conséquences des lois, des politiques et des pratiques sur les droits de l’homme des migrants ont eu des effets limités.
Le pacte sur la migration et l’asile de l’Union européenne, qui entrera en vigueur en 2026, offrira un ensemble complet d’instruments législatifs et de règles opérationnelles que devront respecter les États. Sa mise en œuvre aura un effet immédiat sur les voisins directs de l’Union européenne, y compris les pays des Balkans occidentaux. Toutes les parties prenantes observeront attentivement ce processus pour savoir si ce pacte renforcera la cohérence des systèmes de gestion des migrations de la région, s’il insistera davantage sur l’équité de traitement due à chacun et sur la nécessité d’une procédure régulière pour faire respecter les droits des migrants, afin de proposer aux personnes qui empruntent l’itinéraire des Balkans occidentaux des solutions alternatives aux ‘jeux’ qui mettent en péril leur vie.
Laura Lungarotti
Coordinatrice des Balkans occidentaux, Bureau de pays de l’OIM avec fonctions de coordination dans les Balkans occidentaux
llungarotti@iom.int
Joanie Durocher
Responsable du soutien des programmes, Bureau de pays de l’OIM avec fonctions de coordination dans les Balkans occidentaux
jdurocher@iom.int
Les opinions exprimées dans cet article appartiennent à leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement celles de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).
[1] Données officielles des autorités des Balkans occidentaux, comprenant l’Albanie, la Bosnie-Herzégovine, le Monténégro, la Macédoine du Nord, la Serbie et le Kosovo*. Les références au Kosovo* seront entendues ici dans le sens défini par la résolution 1244 du Conseil de sécurité des Nations Unies (1999).
[2] Projet Migrants Disparus de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM)
[3] ICRC (2022) Counting the Dead: How Registered Deaths of Migrants in the Southern European Sea Border Provide Only a Glimpse of the Issue [document en anglais]
[4] ‘Nomen Nescio: Dying En Route to Europe, Buried Without a Name’ [document en anglais], Balkan Insight, 8 décembre 2023 ; ‘Border Graves Project Wins Investigative Award’ [document en anglais], Balkan Investigative Reporting Network, 2 octobre 2024.
[5] IOM (April–June 2024) ‘Experiences of Violence, Exploitation and Abuse factsheet – Bosnia and Herzegovina, Montenegro and Serbia ’ [document en anglais]
[6] Témoignage recueilli par l’OIM en mai 2024, dans un centre d’accueil temporaire situé dans la partie nord-ouest de la Bosnie-Herzégovine.
[7] Europol (2024) Tackling threats, addressing challenges: Europol’s response to migrant smuggling and trafficking in human beings in 2023 and onwards [document en anglais] DOI: 10.2813/203212
[8] 163 531 arrivées irrégulières enregistrées par les autorités des Balkans occidentaux en 2023, comparé à 55 663 en 2024.
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