En 2011, au cours des trois premières semaines de mars, 36 594 migrants bangladais sont retournés dans leur pays, fuyant les violences qui sévissaient en Libye. À l’aéroport, le personnel de l’OIM a accueilli les rapatriés, les a aidés pour les démarches d’enregistrement et d’immigration et a répondu à leurs besoins médicaux immédiats, tout cela sept jours sur sept et vingt-quatre heures sur vingt-quatre pendant toute la période des retours. Quant au gouvernement, il a distribué de quoi boire et manger à tous les rapatriés qui arrivaient, les a enregistrés, leur a donné 1 000 taka (environ 12$) pour qu’ils puissent se rendre à leur destination finale et a organisé des navettes entre l’aéroport et les principales gares routières et ferroviaires de la ville. Même s’il s’agissait d’un cauchemar logistique, la liaison constante entre l’OIM Dhaka, les missions de terrain de l’OIM en Tunisie et en Égypte et le gouvernement ont permis un traitement relativement systématique de tous les rapatriés.
Même si la plupart d’entre eux étaient fatigués, ils n’en étaient pas moins heureux d’être rentrés chez eux indemnes et ils étaient impatients de voir leur famille. Toutefois, ils sont aussi revenus là où des dettes importantes les attendent et ont laissé derrière eux leurs possessions et plusieurs mois de salaire non versé en Libye. Nombre d’entre eux transportaient de grandes valises remplies de tout ce qu’ils avaient pu y faire rentrer mais beaucoup d’autres étaient revenus avec rien de plus que les vêtements qu’ils portaient, et parfois aussi une couverture.
Dès que la majorité des migrants bangladais furent rentrés sains et saufs au Bangladesh, on a commencé à entendre parler de programmes de réintégration. Le gouvernement, la société civile, les organisations internationales et même le secteur privé ont organisé des réunions pour trouver les meilleurs moyens de venir en aide à plus de 35 000 rapatriés. Le gouvernement a accepté de donner priorité aux rapatriés pour toute opportunité de travail à l’étranger tandis que le secteur privé a accepté d’employer certains d’entre eux. Toutefois, la majeure partie des rapatriés sont restés sans emploi, avec peu de moyens pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille. Finalement, le gouvernement a obtenu un prêt de 40 millions de dollars (US) octroyé par la Banque mondiale, grâce auquel il a remboursé les frais de voyage aérien de 10 000 des quelque 31 000 Bangladais que l’organisation avait rapatriés. Avec le reste du prêt, chaque Bangladais rentrant de Libye a reçu un don en espèces de 50 000 taka (environ 600$), non renouvelable, afin de pouvoir subvenir à ses besoins immédiats.
Le programme de réintégration a été mis en œuvre en plusieurs étapes. Premièrement, grâce à une campagne de communication exhaustive, les rapatriés ont reçu des informations sur le programme et sur les documents dont ils auraient besoin, y compris le besoin d’un compte en banque personnel. L’OIM a mis au point une base de données complète de tous les rapatriés à partir des données de l’enregistrement effectué à l’aéroport par le Bureau de l’emploi et de la formation des travailleurs. Un centre d’appel a ensuite été mis sur pied ; ses numéros ont été diffusés sur des supports imprimés et électroniques mais aussi par SMS envoyés aux téléphones mobiles des rapatriés dont les numéros avaient été obtenus à l’aéroport. Chaque rapatrié s’est mis en relation avec le centre d’appel pour organiser un entretien. Ensuite, le Centre de vérification a commencé ses opérations, c’est-à-dire vérifier que chaque personne détenait tous les documents nécessaires. Il s’agissait de la dernière étape de ce processus d’indentification exhaustif des personnes véritablement rapatriées avant que ne leur soit octroyé le don de 50 000 taka, versé directement sur leur compte en banque.
Anita Jawadurovna Wadud ajwadud@iom.int est coordinatrice de développement de projets et de programmes pour l’Organisation internationale pour les migrations au Bangladesh.