Les personnes déplacées d’Afghanistan: 2014 et au-delà

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L’année 2014 est considérée par beaucoup comme un tournant pour l’Afghanistan, après trente-cinq ans de conflits qui ont laissé l’une des plus grandes populations du monde en situation de déplacement prolongé. Le retrait des forces militaires internationales est en cours et le pays se trouve dorénavant «en transition», et de nombreux doutes planent encore quant à la capacité du pays à répondre aux défis du rapatriement, de l’intégration et de la réintégration, de la protection, de l’accès aux droits et du déplacement continu. Ce numéro inclut 21 articles sur Afghanistan, ainsi qu’un mini-dossier sur «l’apatridie».

L’année 2014 marque une étape importante pour l’Afghanistan, qui verra la fin du calendrier de la «transition conjointe de la sécurité» et le retrait des forces militaires étrangères présentes dans le pays depuis l’invasion post-11 septembre. Parallèlement, les élections présidentielles annonceront une transition politique importante.  Ces événements auront tous les deux un impact sur la situation sécuritaire du pays qui, déjà, montre des signes d’aggravation.

Depuis de nombreuses années et aujourd’hui encore, l’insécurité est une cause majeure du déplacement et une entrave au retour ou à l’installation durable des réfugiés et PDI afghans. Après plus de 35 années de conflit – conjuguées à des catastrophes naturelles répétées – les Afghans sont aussi vulnérables que pauvres. Ils représentaient à un moment donné la plus grande population de réfugiés au monde et l’une des populations déplacées depuis le plus longtemps.  Depuis 2001, quelque six millions de réfugiés sont rentrés chez eux (même si le succès de ces retours reste incertain) tandis que trois à quatre millions se trouvent toujours hors du pays, vivant officiellement ou officieusement comme réfugiés ou migrants économiques (sans papiers). Les mouvements migratoires en provenance et à destination de l’Afghanistan se poursuivent, le déplacement étant souvent déguisé en migration volontaire ou temporaire.

Le déplacement à l’intérieur de l’Afghanistan augmente constamment depuis ces dernières années, et cette tendance devrait se poursuivre. On signalait 100.400 Afghans déplacés de l’intérieur en 2012 et 60.000 nouveaux déplacés en 2013, si bien que le nombre total de PDI en raison des conflits s’élevait à 612.148 fin septembre 2013.

L’Afghanistan est entouré de pays à la situation politique volatile, dont ses pays voisins où des millions d’Afghans sont toujours réfugiés ou résidents sans papiers. Les aspects régionaux de la situation des réfugiés sont considérés comme cruciaux pour leur retour comme pour l’efficacité du premier pays d’asile, tandis que la géopolitique internationale jouera également un rôle de premier plan dans l’avenir du pays.

À l’intérieur du pays, l’infrastructure physique et administrative n’est pas en mesure de fournir des services publics essentiels à tous et l’on entend souvent dire que les autorités ne disposent pas des capacités suffisantes pour protéger ou aider les personnes déplacées. La protection et l’assistance des rapatriés et des PDI souffrent d’importantes lacunes, notamment dans les domaines du logement, des terres et des propriétés ; de l’emploi et des moyens de subsistance ; et de la sécurité alimentaire. Le pays compte également quelques groupes minoritaires marginalisés qui risquent d’être déplacés ou de devenir apatrides.

Dans ce contexte, les principales stratégies pour l’avenir de l’Afghanistan se concentrent toujours sur le retour librement consenti des réfugiés (c.-à-d. le rapatriement) et des PDI ainsi que sur la stabilisation de la situation pour permettre le retour et l’installation durable. 

L’Afghanistan a été un véritable terrain d’expérimentation et d’apprentissage pour la pratique, la théorie et l’analyse humanitaires. Quoi que l’avenir réserve aux besoins et aux interventions humanitaires en Afghanistan, il y a de grandes chances que de nouveaux enseignements importants puissent en être tirés. Ce numéro de RMF vise à analyser les enseignements tirés du passé, la situation actuelle et les perspectives futures pour l’Afghanistan et ses populations déplacées. Les rédacteurs en chef de RMF recherchent en particulier des articles orientés sur la pratique, qui reflètent des opinions diverses et variées (mais toujours centrées sur la question du déplacement) et diffusent des analyses, des recommandations et des exemples de bonne pratique relativement à des questions telles que les suivantes:

  • Quelles sont les conséquences du déplacement prolongé? Quels sont les obstacles aux solutions durables? Quelles solutions viables ou préférables se présentent aux personnes en situation de déplacement prolongé ou établies hors d’Afghanistan? Quels seraient les choix des personnes déplacées et ces choix sont-ils les mêmes que ceux du gouvernement, des acteurs externes et des bailleurs de fonds?
  • Quels défis la population croissante de PDI afghans doit-elle affronter dans le domaine de la protection et dans quelle mesure ses besoins sont-ils satisfaits?
  • Quelles sont les conditions actuelles des rapatriés? De ceux qui se sont intégrés localement? De ceux qui ont été réinstallés ailleurs? De ceux qui ont été expulsés et renvoyés en Afghanistan?
  • Quelles sont les possibilités de nouveaux déplacements ou de reprise des déplacements, en particulier à la lumière des agissements des acteurs armés non étatiques et des possibilités d’asile de plus en plus limitées?
  • Pour les migrants forcés, quel est l’héritage de l’intervention militaire internationale et quelles sont les perspectives en matière de sécurité, de développement et d’assistance financière après le retrait des forces militaires?
  • Comment les conditions des pays de déplacement ou de réinstallation et parmi la diaspora influencent-elles les choix des Afghans déplacés et les solutions qui se présentent à eux?
  • Quelles sont les problématiques particulières soulevées par le déplacement lorsqu’il est provoqué par une catastrophe naturelle?
  • Certaines personnes courent-elles le risque de devenir apatrides et comment ce risque peut-il être atténué?
  • Quel rôle les organismes et les bailleurs internationaux pourront-ils jouer afin de préserver un espace de protection pour les populations déplacées en Afghanistan comme dans les pays d’asile?
  • Quels sont les besoins de protection particuliers des déplacés afghans jeunes et âgés et des autres populations présentant des vulnérabilités particulières? Dans quelle mesure les besoins de protection sont-ils différents entre les zones rurales et les zones urbaines?
  • Quels enseignements concernant l’espace de protection des PDI et des rapatriés en Afghanistan doivent être mis en application par les autorités afghanes ou les autorités des pays voisins accueillant des réfugiés afghans? Comment la protection pourrait-elle être renforcée grâce à un appui externe apporté à ces autorités?
  • Quels rôles les ONG locales/nationales jouent-elles ou pourraient-elles jouer pour garantir la protection et l’assistance des personnes déplacées? Quelles capacités locales sont présentes en Afghanistan et chez ses voisins pour faciliter la «stabilisation» et permettre de trouver des solutions durables pour les déplacés?
  • Quelles sont les capacités d’absorption et la situation économique actuelles/futures de l’Afghanistan relativement à l’accueil de nouveau rapatriés et l’attention portée à sa population déplacée?
  • Quels pourraient être les prochains défis en matière d’accès, de déontologie et de principes  humanitaires? Quelles mesures pourraient être prises pour garantir un plus grand respect de la Convention de Genève?

 

ATTENTION: Ce numéro de RMF sera court et ne pourra contenir qu’un nombre limité d’articles. Si vous souhaitez soumettre un article, veuillez contacter les rédacteurs par e-mail avant d’en entreprendre la rédaction (et le plus rapidement possible) sur fmr@qeh.ox.ac.uk en résumant votre proposition.

Nous rappelons aux auteurs que RMF souhaite inclure des articles adoptant une approche ou une analyse basée sur le genre. En outre, nous avons à cœur de refléter les expériences, les connaissances et les points de vue des communautés et des personnes afghanes. Nous vous invitons à écrire pour nous même si vous n’avez jamais écrit d’article auparavant. Nous serions enchantés de travailler avec vous pour élaborer un article.

Longueur maximale : 2 500 mots. Si votre article est accepté, il est possible qu’il soit condensé avant d’être publié, mais nous vous consulterons avant de confirmer toute modification. Veuillez lire nos directives sur www.fmreview.org/fr/ecrire-pour-rmf

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Ce numéro est publié en francais, anglais, espagnol, árabe, dari et pachtoune.

Nous vous encourageons à faire circuler ou reproduire tout article dans sa totalité, mais nous vous prions de citer en référence : Revue des migrations forcées www.fmreview.org/fr/afghanistan

Une liste de contenu élargie de ce numéro est disponible en ligne et en version imprimée (voir à droite). A l’intérieur, vous y trouverez pour chaque article : le titre, le ou les auteurs et leur affiliation, la phrase d’introduction à l’article et le lien pour en lire la version intégrale en ligne. 

Les copies imprimées de RMF et de la liste de contenu élargie sont gratuites. Si vous souhaitez reçevoir une copie imprimée pour votre organisation, ou de multiples copies pour les distribuer à vos partenaires et responsables politiques/décideurs, ou pour les utiliser lors de conférences ou d'ateliers, veuillez contacter les Rédacteurs en chef sur : fmr@qeh.ox.ac.uk. N'oubliez pas de nous donner votre adresse postale complète et d'indiquer le nombre de copies que vous désirez.

Nous exprimons notre immense reconnaissance à Susanne Schmeidl de The Liaison Office (Afghanistan) et à Dan Tyler du Conseil norvégien pour les réfugiés pour leur assistance et leur contribution exceptionnelles en tant que conseillers spéciaux sur le thème central de ce numéro. Nous souhaitons également remercier les organisations suivantes pour leur soutien financier généreux: le Conseil norvégien pour les réfugiés, la Direction suisse du Développement et de la Coopération (DDC)/le Bureau de la coopération suisse - Afghanistan, ONU-Habitat, le Bureau de l’UNHCR en Afghanistan et le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU.

Nous souhaitons également remercier Laura van Waas du Programme sur l’Apatridie de l’École de Droit de l’Université de Tilburg, pour sa collaboration sur le mini-dossier consacré à l’apatridie, ainsi que l’Open Society Justice Initiative et le Département de protection internationale de l’UNHCR pour l’avoir financé.