Accompagnement par l’Église catholique

L’Église catholique met en place différentes initiatives pour aider les personnes fuyant la violence dans le Triangle du nord de l’Amérique centrale.

Grâce à son vaste réseau d’ordres religieux, d’organisations locales et diocésaines et d’instituts de recherche, l’Église catholique est l’une des principales institutions participant aux efforts d’accompagnement dans le Triangle du nord de l’Amérique centrale[1]. Par exemple, des dirigeants catholiques travaillent aux côtés de dirigeants protestants pour développer des lignes de communication entre les bandes rivales du Salvador, ce qui leur a permis notamment de faciliter une trêve récente entre deux groupes rivaux[2]. Parallèlement, Catholic Relief Services offre des possibilités de réinscription à l’école, des formations à l’emploi et des services sociaux aux garçons et aux filles dans les zones caractérisées par de faibles opportunités économiques et un niveau de violence élevé. En outre, de nombreux centres d’accueil catholiques (des refuges) sont répartis dans l’ensemble de la région pour apporter un appui aux migrants pendant leur voyage[3].

Le réseau catholique rencontre trois défis en particulier : premièrement, parvenir à communiquer avec une population extrêmement mobile ; deuxièmement, le besoin d’une cartographie institutionnelle des services ; et troisièmement, le renforcement des capacités du réseau existant. En ce qui concerne le premier défi, l’une des principales difficultés réside dans la nature temporaire de la relation. En effet, certains migrants restent dans un refuge quelques heures seulement, et d’autres, pour une nuit ou deux. Quelle que soit la longueur de leur séjour, une fois qu’ils sont partis, il existe peu de mécanismes pour leur fournir un soutien continu pendant le reste de leur voyage.

Une nouvelle action prometteuse visant à promouvoir la poursuite des communications avec les migrants a récemment été lancée sous la direction du frère Juan Luis Carbajal, un prêtre scalabrinien de Guatemala City. Ce dernier utilise une technologie permettant de suivre les migrants au cours de leurs déplacements. Avant que les migrants ne traversent la frontière entre le Guatemala et le Mexique, l’équipe du frère Cabajal collecte un grand éventail d’informations démographiques et personnelles sur chaque migrant et les saisit dans une base de données centrale ; les administrateurs des refuges peuvent ensuite télécharger une application qui permettra à leurs employés de consulter ces informations.[4] Grâce à cet outil, ils peuvent anticiper les arrivées et les besoins, mais aussi suivre les déplacements des migrants entre la frontière guatémaltèque et leur prochain point de transit au Mexique ou ailleurs. Au fil du temps, ces données pourraient fournir une mine d’informations potentiellement utilisables pour mieux comprendre les tendances et les pratiques migratoires. Elles pourraient également être utilisées de manière plus pratique, par exemple pour la recherche des familles.

Pour apporter une assistance plus efficace, il faut garder des lignes de communication ouvertes entre les centres et bien comprendre où ceux-ci sont situés, qui les dirige et comment ils pourraient partager leurs informations de manière plus efficace. À cet égard, le Centre catholique pour les études migratoires de New York et le Réseau de migration internationale Scalabrini s’efforcent de systématiser la collecte des données dans les refuges Scalabrini du Mexique et d’Amérique centrale. Le problème auquel la communauté internationale est confrontée en matière de migration forcée est beaucoup trop grand pour qu’une seule institution puisse s’y attaquer. Toutefois, une meilleure collaboration entre les différents prestataires de services catholiques et entre les groupes catholiques et leurs homologues religieux non catholiques et laïcs permettrait de multiplier considérablement les efforts pour entrer en contact avec les populations migrantes et garantir leur protection.

 

Ashley Feasley AFeasley@usccb.org
Directrice des politiques et des affaires publiques, Service de la migration et des réfugiés

Todd Scribner TScribner@usccb.org
Coordinateur de l’action éducative, Service de la migration et des réfugiés

Conférence des évêques catholiques des États-Unis www.justiceforimmigrants.org



[1] Également désigné de nos jours par les termes « nord de l’Amérique centrale »

[2] International Crisis Group (2017) Mafia of the Poor: Gang Violence and Extortion in Central America www.crisisgroup.org/latin-america-caribbean/central-america/62-mafia-poor-gang-violence-and-extortion-central-america

[3] Voir l’article d’Alejandro Olayo-Méndez dans le présent numéro.   

[4] À ce jour, cette application a été principalement utilisée au Guatemala, mais il est prévu d’élargir son usage au Mexique. L’application sera soumise à des tests, notamment pour garantir la sécurité des informations personnelles des individus.

 

 

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