Les jeunes déplacés en milieu urbain à Kaboul

Les jeunes déplacés de Kaboul attendent de voir comment les choses évoluent en Afghanistan dans l’année à venir avant de décider de rester ou de se déplacer à nouveau. Cette situation offre l’opportunité de mettre en place des programmes sensibles aux besoins des jeunes.

Les conclusions d’une étude récente sur la jeunesse urbaine déplacée (15-24 ans) de Kaboul[i] semblent indiquer que ce segment de la population souhaiterait avoir la possibilité de jouer un plus grand rôle en tant qu’acteurs économiques et sociaux dans leur pays mais qu’il a l’impression qu’on ne lui donne pas l’occasion, ou l’espace, de réaliser son potentiel. Sur les 2 000 personnes interrogées, seules 50 ont confié envisager de se déplacer de nouveau; il s’agissait principalement de personnes expulsées ou rapatriées d’Europe, qui constituent un groupe très spécifique parmi les jeunes déplacés.

À court terme, les jeunes déplacés de Kaboul saisissent les occasions là où elles se présentent, qu’il s’agisse d’emplois locaux précaires ou d’emplois cycliques, temporaires ou saisonniers en Iran et au Pakistan. Ils demeurent vulnérables et isolés sur le plan économique et social. Toutefois, plutôt que de migrer à l’étranger, ils semblent préférer attendre et voir comment les choses auront évolué en Afghanistan d’ici un an ou deux. Cette attitude laisse aux organisations un peu de temps pour mener des actions générales qui auront un impact sur l’éducation, les compétences et l’intégration de ces jeunes personnes au marché du travail, ainsi que des actions plus spécifiques visant à offrir aux jeunes femmes déplacées des possibilités adaptées à leurs besoins.

À l’heure actuelle, les autorités afghanes et les organisations nationales et internationales sont à la traîne concernant l’élaboration de programmes sensibles aux besoins des jeunes. À la lumière de nos recherches, nous recommanderions d’adopter une approche par quartier de la programmation ciblant les jeunes, en aidant les jeunes afghans déplacés chez eux (en particulier les jeunes femmes, qui ont besoin d’activités génératrices de revenus à domicile) et au sein de leur communauté, dans laquelle ils sont souvent marginalisés et où ils manquent souvent de réseaux solides ou de représentation.

Les parties concernées devraient saisir cette occasion pour a) élaborer des programmes de formation axés sur les besoins des jeunes hommes et des jeunes femmes déplacés, y compris des programmes communautaires de mise à niveau des compétences dans les quartiers et b) ouvrir des centres pour jeunes à Kaboul, dans lesquels les jeunes pourront tisser des liens entre eux, obtenir des conseils et où les ONG pourront leur offrir plus facilement des formations.

 

Nassim Majidi Nassim.majidi@samuelhall.org est directrice de Samuel Hall Consu



[i] Urban displaced youth in Kabul city, recherche menée par Samuel Hall Consulting en Afghanistan. Rapport à paraître en 2014.

Voir aussi: Samuel Hall Consulting (2013) Afghanistan’s Future in Transition: A Participatory Assessment of the Afghan Youth, commandité par le sous-ministre afghan pour la Jeunesse, le PNUD, le FNUAP et l’UNICEF. http://tinyurl.com/SamuelHall-Afghan-youth-2013

 

 

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