Le printemps arabe n’a pas radicalement modifié les schémas de migration en Méditerranée, et l’étiquette « crise de la migration » ne rend pas compte d’une réalité composite et stratifiée.
Alors que le phénomène des « flux migratoires mixtes » est reconnu depuis longtemps, c’est maintenant la première fois qu’il s’applique à des déplacements à grande échelle. Il a nécessité une intervention humanitaire coordonnée à destination d’un groupe important et diversifié de personnes déplacées.
Les déplacements à grande échelle associés aux récents soulèvements populaires en Afrique du Nord, tout à la fois renforcent et remettent en cause le rôle des mécanismes juridiques de protection.
Les migrants ont quitté la Libye dans la précipitation et en craignant pour leur vie. Ils ont abandonné leurs possessions et leurs objets de valeur dans la hâte du départ. La rapidité de l’intervention internationale a permis de sauver des vies et de faciliter le retour à la maison, mais un retour prématuré pourrait avoir des répercussions regrettables.
Lorsque les migrants bangladais évacués sont arrivés chez eux, le gouvernement, la société civile, les organisations internationales et le secteur privé ont tous coopéré pour les aider.
C’est la population tunisienne, plutôt que son gouvernement, qui a montré la voie en ce qui concerne la réponse à la crise humanitaire lorsque les Libyens ont entrepris leur propre révolte et qu’ils ont commencé à s’enfuir à travers la frontière.
Alors que la Tunisie vit un changement politique, social et économique étendu, il devient impératif d’atténuer le fardeau del’accueil des personnes qui fuient la Libye et sont dans l’incapacité de retourner dans leurs pays d’origine.
En Lybie, il sera bien difficile de trouver des solutions durables pour la majorité des PDI tant que ces personnes ne seront pas en mesure d’accéder au logement, aux terres et aux biens qu’elles possédaient avant leur déplacement. Le déplacement et la dépossession sont indissociables de l’héritage de l’ère Kadhafi.
Pour de nombreux réfugiés établis en Égypte, les semaines de la révolution se sont caractérisées par l’isolement, la peur et la brutalité. Au lendemain de cette révolution, la promesse d’une plus grande liberté n’a pas encore été élargie aux réfugiés.
La crise libyenne de 2011 a révélé comment les schémas migratoires mondiaux redéfinissent aussi bien le type que l’ensemble des besoins et des vulnérabilités des personnes affectées par une crise humanitaire.
A l’avenir, les humanitaires doivent s’attendre à des flux de nature plus mixte défiant toute catégorisation rigide et demandant une intervention humanitaire basée sur la communauté des besoins en matière d’assistance et de protection.
La réponse de l’UE face aux arrivées en bateau en provenance d’Afrique du Nord en 2011 indique qu’il en faut plus pour traduire en réalité concrète un engagement de solidarité à partir d’une aide limitée et de déclarations de principe.
Avec le Règlement de Dublin II, le premier pays sûr atteint par un réfugié ou un demandeur d’asile devient le seul pays responsable du traitement de cette personne. Dans le cas de l’Italie, le premier pays responsable n’a pas toujours agi avec toute la responsabilité qu’il se doit.
La question de la migration mixte et irrégulière reste une préoccupation importante dans la Libye postrévolutionnaire, et elle est rendue encore plus complexe par la sécurisation du contrôle aux frontières et les difficultés inhérentes d’un gouvernement intérimaire en train de consolider son autorité.
De « nouveaux » acteurs humanitaires gagnent en reconnaissance, accentuent leur impact et multiplient leurs capacités. Il est important que la communauté humanitaire internationale les considère comme égaux.
Plusieurs nouvelles initiatives mettent en lumière certains moyens qui permettraient à la communauté internationale, et surtout aux gouvernements, de réduire la vulnérabilité des travailleurs migrants au cours des situations de conflit et de crise.